Un texte de Anton Moonen à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement :
Aujourd’hui, c’est une journée de l’environnement un peu festive : des oiseaux, des papillons et des poissons sont observés dans des endroits où ils avaient disparu depuis longtemps. L’eau est redevenue claire et l’air est pur comme autrefois. Ce sont des messages positifs bienvenus au milieu du flux d’informations continu de mauvaises nouvelles. Au moins la pandémie semble être bonne pour quelque chose : elle profite à la nature et à l’environnement ! Malheureusement, il y a encore beaucoup d’efforts à faire. Un véritable retour de la nature dans toute sa diversité demande bien plus qu’un confinement. Ce qui est indéniable, c’est la forte diminution de la pollution atmosphérique, principalement due à la réduction du trafic quotidien.
Cela signifie-t-il également que « grâce » au virus, notre empreinte écologique a considérablement diminué ? Le terme « empreinte écologique » est une mesure couramment utilisée pour évaluer l’impact de notre mode de vie sur l’environnement. Il indique la quantité de surface terrestre nécessaire à la production de ce que nous consommons et au traitement de nos déchets. Notre empreinte a sévèrement augmenté ces dernières décennies : nous avons de plus en plus besoin de matières premières et ainsi nous émettons plus de polluants. Ce n’est pas seulement lié à notre consommation d’énergie à la maison, mais aussi à la manière dont nous nous transportons, de ce que nous consommons sous forme de nourriture et d’objets.
En mesurant notre empreinte on constate plusieurs choses : de manière générale, c’est la consommation quotidienne de viande à laquelle on doit son augmentation. Ensuite, c’est en allant travailler dans notre propre voiture et en voyageant régulièrement vers des endroits lointains. Ce dernier « mal » a considérablement augmenté entre 2000 et 2015. Sur cette base, il n’est pas difficile d’imaginer ce que le Covid fait actuellement avec notre empreinte écologique : elle est devenue beaucoup plus faible parce que nous sommes désormais largement confinés à la maison.
Des questions se posent alors : quels sont les effets à long terme de la pandémie ? Notre empreinte écologique deviendra-t-elle plus faible ? Ces effets positifs pour la nature et l’environnement sont-ils durables ? Peut-on réellement s’en réjouir et espérer ce monde « après » ?
La plus grande certitude concerne le développement de l’économie : elle en sera affectée pendant longtemps. Cela signifie deux choses pour notre empreinte. Tout d’abord, il est prévu que les revenus chuteront en moyenne, et avec cela aussi la consommation, ce qui réduira l’empreinte. Malheureusement, il est probable qu’en période de récession économique, les investissements prévus pour rendre les maisons durables, dans le traitement des déchets, dans la production d’énergie et de nourriture, etc., seront réduits. De plus, les ménages auront moins d’argent pour acheter des alternatives durables déjà disponibles ou de la nourriture issue de cultures biologiques. Et cela sera un frein à la réduction de notre empreinte écologique.
Il nous restera toutefois l’effet à long terme du virus sur nos déplacements. Travailler à domicile et chercher du divertissement près de chez nous réduisent considérablement notre empreinte. Tant qu’il n’y aura pas encore de vaccin ou d’immunité généralisée, ce sera la réalité. Et voilà la plus grande question : est-ce que cet effet se poursuivra si le virus n’est plus une menace ? Adopterons-nous à nouveau notre ancien mode de vie ? Serons-nous de nouveau coincés dans les embouteillages sur le chemin du bureau ? Volerons-nous à nouveau autour du monde avec des billets low-cost ? Il est certain que des intérêts économiques majeurs jouent ici un rôle.
Il peut en être autrement pour nos déplacements entre la maison et le bureau. Là, il n’y a pas de forces économiques puissantes qui nous poussent. Le travail à domicile et son développement futur dépendent principalement des expériences que nous avons vécues pendant le confinement. S’il n’y a pas d’effet négatif significatif sur la productivité du travail ou le bien-être des salariés, il est évident que nous travaillerons certainement à domicile une partie de la semaine, bien plus que ce n’était le cas avant l’arrivée du virus. L’empreinte environnementale diminuera et la qualité de l’air s’améliorera !
Sur ces bonnes nouvelles, je vous souhaite une bonne journée de l’environnement.